« Zac... ? »

Non, je rêvais carrément, ça ne pouvait pas être lui. Son doux visage paraissait si concret. Ses yeux noisette me regardaient presque aussi étonnés que moi. Pourquoi mon subconscient était si cruel avec moi en me faisant rêver de Zac ?
Ces derniers jours, je me sentais de plus en plus mal. Il me manquait tellement que j’aurais tué une colonie entière de lépreux rien que pour espérer l’apercevoir rien qu’un quart de seconde. Tout ce qui me rattachait à lui était tellement précieux que je n’osais, par exemple, pas jeter le vieux tee-shirt tout troué que je mettais en pyjama. Son odeur avait disparut du tissus, mais Zac était tellement ancré en moi que je sentais quand même sa fragrance partout où j’allais.
Il m’obsédait à un tel point que le voir devant moi, là, maintenant, pouvait me paraitre un rêve. Un rêve tellement merveilleux car il semblait si réel. C’était tellement bon d’un côté, mais quand je me réveillerais, j’aurai envie de partir. Partir si loin, à perte de vue de tous êtres vivants.
Pourtant il était là.

« Zac... ? »

Oh. Mais c’était bien lui.
De grosses gouttes salées roulèrent sur mes joues et petit à petit, je sentis mes jambes défaillirent. Mes genoux heurtèrent le sol en un bruit de craquement, mais aucune douleur ne parvint à mon cerveau. Je n’avais pas mal, je n’aurais pas pu avoir mal. D’une, mon cerveau bloquait toutes informations, il était trop concentré à essayer de savoir si c’était vrai, réel. Et de deux, j’étais un être assez puissant pour qu’une chute d’un immeuble du troisième étage ne me casse que les chevilles.
Mes yeux étaient toujours dans les siens, c’était si plaisant. Oh mon dieu. Je crois devenir folle.
Si j’avais eu un cœur, il serait entrain de battre à un niveau spectaculaire. Pour la première fois depuis ma transformation, je tremblais de froid. Pourtant, il faisait chaud et même si c’était le coucher du soleil, la température était haute. Enfin, je ne croyais pas ressentir le froid, plutôt une grande solitude qui ressortait à vif, mais que petit à petit, elle semblait se reboucher.
Mes mains touchèrent le sol pavé de feuilles mortes avec un petit craquement, mais mes yeux restaient dans les siens. Je ne pouvais dévier mon regard du sien, il m’avait tellement manqué. Que... Oh mon dieu. Je me sens si bien et mal en même temps. Si bien parce que je le revoyais, ENFIN ! Mais tellement mal parce que je le revoyais... Enfin. J’avais tellement souffert que, oh mon dieu... Toute cette souffrance qui m’était renvoyé en pleine gueule, qu’est ce que c’était douloureux. Je crois que mon cerveau est éteint, hypnotisé par son regard...

« Zac... »

Ce n’était qu’un murmure, pourtant je savais qu’il entendrait mon souffle. Souffle rempli de pitié. Mais c’était compréhensible, savez-vous... Je revoyais enfin l’être cher, et croyez-moi, je sentais mon amour qui gonflait pour lui. Même si nous avions fait le mal, je ne pouvais nier que mon cœur, même s’il était mort, battait encore pour lui. Seulement pour lui. Mon cœur était siens et il était mien. Non, je ne laisserais plus jamais Zac partir. Pour rien au monde.... J’avais tellement eu mal. Je m’en voulais d’être partie. J’avais été si lâche. Peut-être que je ne pouvais plus vivre avec ces morts sur la conscience, pourtant, je ne serais jamais partie si j’avais su ce qu’aurait occasionné ce malheureux départ.

« Je... Ne... Je... Oh... Zac. »

Je bafouillais. C’était misérable et stupide.
Pourtant mon cerveau ne répondait plus à mes ordres. Je criais intérieurement. Je criais que je l’aimais, que j’étais désolée, nulle, lâche. Que je craignais plus que tout. Et surtout : je criais... HURLAIS même, à mes jambes, de courir vers lui, mais j’étais clouée au sol par je ne sais quelle attraction terrestre stupide. Je voulais le sentir sur moi, son torse contre ma poitrine, ses doigts dans mon dos et souffle frais et chaud en même temps dans ma nuque frêle. Je voulais pouvoir l’enlacer comme jamais et l’embrasser comme vous n’auriez jamais vu.
Viens, Zac. C’est toi qui dois bouger, tu vois bien que mes genoux sont collés au sol presque boueux par de la colle glue. Tu vois que j’ai envie de toi. Viens m’enlacer, je n’en peux plus. Je t’en supplie. Arrête ces larmes idiotes et pleines de remords. Efface des peines, donne-moi de l’amour et du bonheur. Supprime ce que j’ai de lourd sur le cœur. Je t’en supplie. Libère moi de ce que je ressens. Je suis si mal. Mais je suis sûre que tu peux tout arranger car... Je t’aime. Depuis que je t’ai lâché comme une pauvre merde, c’est toujours à toi que j’ai pensé. Toujours TOI que j’ai aimé et chéri. S’il te plait, ne reste pas planté devant moi avec tes beaux yeux noisette hébétés. Moi aussi je suis si... Contente de te voir, même si je ne peux bouger. S’il te plait, prends-moi dans tes bras, oh je t’en supplie même...

« Je t’aime. » fis-je fébrilement avec beaucoup de mal.

Mon visage trempé avait un mélange de torture et de joie immense et infinie.

Cette torture était occasionné par la simple et bonne raison que j’étais toujours devant lui, immobilisée par je ne sais quoi et que lui, était toujours devant moi. Il me semblait si loin, intouchable. Pourtant, il était juste sous mes yeux. C’était irréel... Je devais rêver. Oui, c’est ça, je rêvais. Pourquoi ne bougeais-je pas alors ? Mon rêve aurait été différent. Je me serais levée et mes bras auraient automatiquement entourés son corps. J’aurai été soulagée mais mon réveil aurait été brutal et horriblement désespérant.
Et puis cette joie. Devrais-je l’expliquer ? Je ne crois pas. C’était pourtant clair que Zac tout entier me rendait heureuse. Ses yeux enlevaient une grande partie de mes remords mais il faudrait bien un temps pour les supprimer complètement. Coriaces et forts, mes regrets ne partiraient pas d’aussi tôt et continueraient à me rendre malheureuse même si je savais que Zac m’aurait pardonné...

Je crois que je n’avais pas eu un si grand bol d’émotion en une fois dans toute ma vie, quelle soit vampirique ou humaine. Mon corps tremblait de partout et je sentais mes os s’entrechoquer. Ma mâchoire était contractée comme jamais et j’avais peur que mes dents s’écrasent les unes contre les autres. Mes mains commençaient à serrer ces malheureuses feuilles qui tapissaient le sol boueux de la forêt avec des bruits de craquements.
Cette forêt avait une toute autre atmosphère à cet instant. Elle me paraissait oppressante, comme si tous ces arbres m’entouraient et m’enfermaient dans une cage indestructible. Le petit plus : c’est que je serai avec Zac mais ça m’effrayait.
Pourquoi avais-je peur ? ... Je le sais très bien, mais cette possibilité est tellement... Horrible que je n’ose y penser. La possibilité que Zac me rejette. Qu’il prenne conscience devant moi que je suis pathétique et que ma lâcheté lui a enduré tant de souffrance. Il partirait alors loin, et je le verrai marcher, dos à la Nouvelle Australie et à notre peut-être nouvelle vie ici... Je crierais, le supplierais de revenir mais sa colère ne le ferait que partir plus vite. Je savais bien qu’il m’avait cherché, sinon il n’aurait pas la même réaction que moi. Mais pourtant... Un doute m’envahit.

« Je t’aime. » avais-je murmuré.

Il disparut aussi tôt, le doute, pas Zac.
Je le vis s’approcher à toute vitesse et ses bras m’entourèrent. Une profonde et humble confiance m’envahit. La joie. Oh oui, il y avait de joie. La torture disparut avec le vent et s’envola loin, si loin que je cru bon de croire qu’elle ne reviendrait pas tant qu’il était là. Tant que Zac était là.
Ses bras étaient si réconfortants. Oh que j’avais attendu ce moment ! Si bien que mon corps de relâcha complètement et je pu ordonner à mes bras de l’enlacer. Je le serrai si fort que j’aurai pu le casser, mais Zac était solide, je savais qu’il avait résisté à pire qu’un super câlin. Il avait su résister à ma faiblesse... Je crois que je ne me le pardonnerais jamais. J’avais été tellement bête ! J’avais souffert, voilà ma punition. Toute la souffrance qui m’avait appuyé sur le dos pendant des années s’était envolée, mais celle que j’avais occasionnée à Zac me restait avec un gout amer. J’aurais le regret de lui avoir fait du mal... Pourtant, je ne voulais pas de son mal. Je savais que nous vivrons une éternité magnifique et que ces quelques années de rechercher n’était qu’un grain de sable dans le temps. Pourtant... Pourtant je m’en voulais. Ma conscience me criait d’avoir été imbécile... Je m’en veux tellement !
Petit à petit, je sentis tout ce mal disparaitre... Il était entrain de m’embrasser ! Oh. Je crois que je vais partir, c’est trop pour moi. Ma tête n’arrive pas à supporter toute cette émotion soudaine. Moi qui avais cru rêver dès le quart de seconde où je l’avais vu dans la forêt, il y a quelques minutes à peine.
Heureusement que j’étais partis chasser à ce moment, sinon on ne se serait pas croisé, et peut-être, jamais revu avant des années et des années... D’ailleurs la faim m’avait quitté. Pour l’instant, j’avais toujours cette joie indissociable de mon être qui augmentait, augmentait, augmentait... C’était si bon. Du bonheur à l’état pur. Oh mon dieu ! Mais merde ! Je suis entrain de penser alors qu’il est là ! Mon rêve, celui que je fais toutes les nuits et qui commençaient à sérieusement à me tuer était entrain de se réaliser. J’étais enfin dans ses bras, et mieux : on s’embrassait.
Ce goût amer que son mal me laissait partit pour laisser le gout de ses douces lèvres. Chaudes et douces. Ça m’avait manqué. Tellement manqué... Victor Hugo a dit « Il n’y a pas de mot pour décrire l’émotion. » Je crois que je comprenais enfin cette phrase. Petit à petit, je passais mes mains de son dos à sa nuque avec une délicatesse qui me surprit. La tendresse, l’amour et les sentiments envers Zac que j’avais refoulé toutes ces années ressortaient telle une bombe. Une énorme bombe plein de bonheur, de satisfaction, de plaisirs, de regrets, d’inquiétude, d’apaisement... Si bien que je ne faisais pas attention à ma main qui était maintenant sur la tête de Zac et qui la pressai avec désir. Je relâchai la présent et stoppa notre baiser.

« Tu m’as tellement, tellement... Mais tellement manqué ! »

Et avant qu’il puisse ouvrir la bouche, je l’embrassa de nouveau, oubliant la forêt autour de nous.