Chuck se leva, lasse de voir passer le temps avec une lenteur infini. Elle voulait pouvoir s’endormir, être emporter dans les bras de Morphée et pouvoir rêver. Les humains passaient une courte vie plutôt tranquille comparée aux autres, monstres sanguinaires. Ils passent la moitié de leur journée à dormir paisiblement, oubliant durant quelques heures leurs problèmes. Par contre, les sangsues doivent vivre avec. Ils sont obligés d’assumer tout le temps leurs conneries, quelles soient dérisoires ou au contraire capitales. Rien ne peut les sortir du tourment infernale du moment où leur conscience décide de jouer avec eux.

Elle s’habilla en prenant tout son temps. Plus elle faisait quelques chose, moins elle s’ennuyait... Une fois un jean enfilé et un tee-shirt avec AC DC inscrit dessus sombre mis, elle sortit de chez elle pour aller faire un tour. Elle déambula quelques instants sans direction puis commença à courir. Pas avec une allure humaine, bien au contraire. Des yeux humains ne pourraient l’apercevoir, seulement sentir un grand bol d’air frais les décoiffer.

*Le lac* , pensa t-elle avec un sourire.

Cet endroit était paisible et magnifique la nuit. Le reflet de la Lune dans l’eau était époustouflant de clarté. Les arbres penchaient légèrement du à la brise délicieusement douce. Personne ne venait jamais de plus, c’était... pacifique. Quelque fois on pouvait entendre de petits bruits dans l’eau : les poissons qui faisait on-ne-saura-jamais-quoi. Les longs roseaux était au bon nombre, ni trop, ni pas assez et donnaient un côté extrêmement chaleureux au lac.

Chuck arriva quelque temps après et finit par s’étaler de tout son long au bord. Non par fatigue, mais par soulagement de ne plus être dans cette forêt qui pouvait paraitre oppressante.

Elle divaguait, se sentant partir des rêves complètement irréels. Bien sûr, rêver comme un humain aurait été préférable mais l’espèce de transe dans laquelle Chuck nageait était pas mal. Réellement, ça lui faisait grand bien de ne penser à rien. Au sens propre d’ailleurs. Personne autour d’elle ce qui signifiait qu’elle ne percevait aucune pensées. Son don était pratique, mais à petite dose. Déjà que la demoiselle avait pas mal de problèmes et pas mal de choses à penser alors si on additionnait toutes les pensées (en tout genre, malsaines, dépressives et souvent désastreuses) et les problèmes des gens ça donnait un résultat pas très fameux : une Chuck crevée comme pas possible et exécrable avec tout le monde. Ca lui était déjà arrivé de tout casser par énervement et fatigue. Alors qu’elle partait de plus en plus dans un rêve profond et agréable. Une pensée surgit d’un coup pour tout gâcher. Et merde... Il fallait forcément qu’on vienne l’interrompre pendant le seul moment depuis des semaines qui était à peu près calme et agréable, c'est-à-dire : sans pensées futiles. Elle essaya de fermer toutes ses oreilles, même celles qu’on lui avait offert et qui était bien cachées partout dans la forêt et qui lui permettaient donc d’entendre un peu beaucoup trop de choses. Sauf qu’un « bonjour » fut soufflé. Ouvrant l’œil droit elle vit une ombre. Fine et élancée : c’était une fille. Et puis sa voix était vachement féminine. Elle ouvrit donc machinalement son œil gauche et avec la lumière de la Lune pouvait suffisamment distinguer la personne qui se tenait devant elle.

Elle n’était pas très grande. Plutôt jolie. Canon d’ailleurs. Ses yeux vert foncés brillaient vivement dans la nuit noire éclairée par une jolie Lune ronde. La brise qui pliait les arbres en deux faisait virevolter les cheveux bruns de la jeune fille. Par contre, elle ne distinguait pas tellement ses vêtements étant donné que la lumière s’arrêtait au niveau de la fin du cou à cause de la hauteur des arbres qui entouraient le lac.

« Bonsoir », dit-elle en souriant.

Elle se releva pour s’asseoir et tapota doucement la terre dure et sèche pour inviter la jeune femme à s’asseoir. Son visafe paraissait calme, apaisée mais ses pensées étaient tout le contraire. Chamboulée, indistincte comme si elle refusait de penser à quelque chose qui n’arrêtait pas de revenir sans cesse. Chuck pouvait entendre quelques brides. Un homme. Un amour. Des déceptions.

« Bienvenue au Club », lâcha t-elle.

Tout de suite, elle mit ses mains terreuses devant la bouche. Elle avait lâché cette phrase toute seule. D’habitude elle essayait de ne pas emmêler pensées et paroles mais elle comprenait tellement la tristesse de la jeune femme.

« Je... Désolée... Je... J’entends ce que tu penses. Et... Voilà . » dit-elle confuse.

Elle était vraiment confuse. Même gênée. D'habitude Chuck ne mélangeait jamais, mais alors JAMAIS les pensées et les paroles. Généralement les gens voulaient cacher des choses. C'était typiquement humain, enfin "humain" étant donné que pour prendre exemple : la jeune fille était vampire. Mais c'est un comportement normal. Les gens sont pudiques, c'est un fait. Chuck aussi n'aimerait pas que quelqu'un sache la plupart de ses secrets le plus intimes en un rien de temps.

"C'est pratique ça comme don." fit-elle.

Elle secoua la tête et planta ses yeux dans les siens, ou du mois, ce que Chuck croyait être des yeux.
Depuis sa petite gaffe elle essayait de bloquer les pensées de la jeune femme mais elle entendait toujours. Cette dernière trouvait ça gênant que je puisse savoir autant de chose sur elle en un instant. Mais quelques mots après, une phrase de ses phrases fit des frissons à Chuck. Comment ça la forcer à parler?

« Oui, enfin, faut éviter de ce pointer dans une foule. Ça devient tout de suite moins marrant quand y'a un tas de gens qui... pensent. » répondit-elle, lasse.

Elle s'allongea sur la boue pratiquement sèche en croisant ses bras derrière la tête. Regardant le ciel, elle regarda du coin de l'oeil la jeune fille.

« J'ai entendu, enfin, t'as pensé à quelque chose... Comment tu me forcerais à parler? » dit-elle.

Même si elle refusait d'écouter ce que la Brunette disait, c'était bien trop fort.

Apparemment, la jeune fille compatissait avec Chuck. Elle comprenait que ce ne devait pas être agréable d'entendre quarante six personnes penser, et qui peut-être parler en même temps. L'humain était quand même assez complexe : il pouvait penser et discuter en même temps, voir mentir et qui est plus est ne pouvait pas arrêter de penser. Le cerveau humain commençait de plus en plus à intéresser Chuck mais elle n'arrêterait pour rien au monde ses études en arts modernes. Elle dansait et chantait à longueur de journée, et elle aimait ça. Ce n'était en rien ennuyant. Elle commença à divaguer dans ses pensées quand la jeune fille lui répondit :

"C'est... euh... c'est le don que j'ai. En regardant quelqu'un dans les yeux, je peux le forcer à faire ce que je veux. "

Whoa. Trop cool! Ce don devait être vraiment utile. Chuck ne l'utiliserait qu'avec les gens perfides, malhonnêtes et menteur. Ce serait comme venger les gens à qui ils ont fait du mal. Bizarrement, en pensant à "les gens à qui ils ont fait du mal" Chuck pensa à Zac. Elle qui avait commencé à l'oublier pendant un temps ...

Elle secoua la tête discrètement et la jeune fille commença à penser. Mais alors une histoire. Elle se rappelait la première fois qu'elle avait utilisé son don. Elle avait demandé à un sale vampire de sauter d'un pont et il avait exécuté l'ordre. Chuck rit, pas trop fort, mais un petit son cristallin résonna. Elle pouvait aussi percevoir que la jeune fille ne voulait pas penser.

« D'habitude je ne mélange jamais les pensées et les paroles des gens, mais tes pensées sont géniales. Ça me change des jeunes ado' complètement obsédés. », dit-elle en riant. « Et tu ne peux pas arrêter de penser, il y aura toujours une chose qui ressortira et que tu préfères cacher, mais si tu veux, je ferais semblant de ne rien avoir "entendu". »