Je crois que je n’avais jamais autant bu de ma vie. Tout ce sang qui se mêlait au mien me faisait un bien fou. Pourquoi ne me nourrissais-je pas comme ça ? J’avais trop peur d’aller en forêt en journée pour être surprise, à croupis, entrain de dévorer une pauvre biche ou un kangourou malade. La première fois que j’avais vu Zac sur une pauvre bête, arrachant sa chair pour boire le nectar si précieux, j’avais été... Sidérée. Pourquoi tuer ce pauvre animal si horriblement ? Mais je m’y étais habituée. C’était ma nature après tout, et je ne voyais pas de raison pour réfuter ce que j’étais. Les humains tuaient bien des bœufs en centaines et des poulets en milliers.

La forêt me paraissait surnaturelle, la lumière qui filtrait à travers les feuilles était magique et l’ambiance semblait magnifique. Je me sentais bien. Peut-être était-ce ces trois biches vidées qui m’avaient données cette force et cette clarté d’esprit. Dans tous les cas, j’étais bien et bizarrement heureuse. J’avais caché les trois cadavres sous un buisson épais pour revenir dans la nuit les enterrer.

Je sortais donc de l’orée de la forêt pour atteindre ma maison. Je devais être discrète car sincèrement je ne voulais pas qu’une personne me voit ainsi : boueuse et ensanglantée au niveau de la bouche et de mon tee-shirt. Ce dernier était tout taché et jamais les taches ne partiraient, tant pis.
Une fois chez moi j’allai prendre une douche rapide. Vérifiant l’heure, j’en conclus qu’il me restait une bonne demi-heure. J’en profitai alors pour me laver les cheveux comme il fallait. Je sortais et me prépara illico. Pour le coup je mis mon nouveau jean acheté il y a à peine une heure et prit un débardeur noir. Basique, simple mais efficace comme dirait ma mère. Passant à la salle de bain, je séchais mes cheveux, ils furent bizarrement très lisses. Non que mes cheveux bouclent comme une afro-américaine, mais ils ondulaient quand ils étaient humides.

Je sortis de chez moi portable à la main et porte-monnaie dans la poche sans veste en marchant. Plus j’approchais le bar, plus je ralentissais. Peut-être aurais-je du prendre une biche de plus ? Je ne pouvais plus annuler de toute manière, ce n’était pas respectueux envers elle.
Quand je fus devant la porte du café-bar de la rue commerçante, j’inspirai un bon coup et entra. Une cloche toute aussi mignonne que celle de la boutique du vêtement retentit et en un souffle je pus sentir que l’humaine n’était pas là. Je me dirigeais vers une table où il y avait de belles banquettes en cuir rouge et m’assis. Il ne faut plus qu’être patiente.

Cette attente parut longue. Très longue. Pendant ce temps je voyais les gens déambuler dans la rue -oui, j'avais une magnifique vue sur une des rues où longeait le bar- et les serveuses qui couraient dans tous les sens pour servir les clients. Deux fois l'une d'entre elle est venue pour voir si je ne commandais et à chaque fois je refusais poliment en précisant que j'attendais encore quelqu'un.
Mais qu'est ce que je pourrais bien dire à cette fille? Je ne la connais ni d'Ève ni d'Adam... Pourquoi avais-je accepté au juste? La réponse était introuvable. Le pire c'est que j'avais peur que ce soit mon instinct de prédateur qui eut envie de jouer un peu avec cette humaine. Mais elle était si jolie que je ne pouvais pas la tuer. Et puis cette fragilité débordante donnait un certain charme. Et bizarrement, je ne m'étais pas intéressée à ses pensées, que m'arrivais t-il? Désormais je devrais faire plus attention...
A chaque fois que la sonnette retentissait, mes yeux se dirigeaient automatiquement vers la porte, avide de voir l'humaine. Au bout d'un moment je finis par abandonner, et même si ma curiosité souffrait de ne pas regarder, je la sentirais arriver.

Là voilà.
Son odeur était juste exquise. Cette fois je décidais de ne plus respirait mais dès que je me sentirais faible et prête à attaquer j'arrêterais. Petit entrainement.
J'entendis des pas de talons arriver et elle arriva dans mon champ de vision. Je n'avais jamais remarqué qu'elle ressemblait à une garce d'un côté. C'est fou ce qu'elle pouvait paraitre superficielle, ça m'effrayai. Mais retrousser chemin était maintenant impossible.
Je ne su quoi dire, mais je me sentais obligé de casser la glace. Pourtant elle m'intimidait... Horrible. Je décidais de choisir une collation maintenant, la serveuse me regardait du coin de l'oeil, guettant le moment où j'aurais besoin d'elle. A peine levais-je la main pour appeler quelqu'un qu'elle arrivait, carnet à la main et stylo derrière l'oreille.

« Une vodka et... » fis-je à la serveuse en hésitant à la fin, faisant signe à l'humaine de dire ce qu'elle voulait.

L'alcool ne me faisait rien, alors autant prendre quelque chose qui pourrait me rassasié quelque peu. Plus l'odeur de la jeune femme me prenait au piège en m'entourant, plus je sentais mes dents avides de son sang.

Crystal toucha de ses ongles vernis la banquette en cuir rouge du bar, qui était très confortable. Elle leva la tête vers les lampes suspendues au plafonds qui brillaient comme de petites lunes. Elle esquissa un sourire puis baissa la tête pour voir la serveuse arriver munie d'un petit carnet et d'un stylo. Chuck commanda :

« Une vodka et... »

Elle lui lança un regard en attendant ce que la jeune femme brune voulais. Un vodka l'aurait bien tentée, mais elle ne voulais pas se retrouver complètement déchirée près d'elle, car ce n'était vraiment pas joli à voir, donc elle décida de prendre un cocktail un peu moins fort.

« Un gin fizz, s'il vous plait. » dit-elle avec un sourire.

La serveuse hocha la tête pour acquiescer et repartit après avoir gribouiller sur son carnet la commande des des jeunes femmes. Crystal la vit commander le cocktail et la vodka. Elle regarda Chuck, qui avait pris une vodka seule, pure. Assez fort et dur à avaler, mais après tout si elle aimait. Elle lui posa tout de même la question :

« Tu prends de la vodka pure, comme ça ? »

J'avais appelé la serveuse juste après que Crystal se soit assise. J'avais commandé une vodka, me fichant éperdument de la quantité d'alcool. Pourquoi se priver d'un petit plaisirs alors que ça ne me ferait rien? Et en plus, ça m'aiderait un peu plus à tenir sur ma chaise car depuis le début, je n'avais pas encore décidé d'arrêter de respirer. Cette odeur était si... Plaisante. La sentir me rendait complètement à l'aise toute en étant tendue : je voulais quand sauter au cou de l'humaine.
Une fois la serveuse partit, je continua à regarder un point dans le vide. Pourquoi j'avais accepté de boire un verre avec elle? Cette question restera, je crois, sans réponse pendant un certain temps. De toute manière, j'avais beau me la poser, j'étais ici. Pour la combien de fois je me posais cette question?

« Tu prends de la vodka pure, comme ça ? », me sortit-elle de mes pensées.

Je la regarda alors dans les yeux pendant dix secondes, le temps que la question vienne jusqu'à mon pauvre cerveau.

« L'alcool ne me fait absolument rien. », fis-je en haussant les épaules.

Puis quelque chose me vint à l'esprit : savait-elle que j'étais une vampire? Surement, si elle avait aperçu mes yeux orangées flashs au soleil mais si non... Peut-être pourrais-je passer inaperçu si elle ne m'avait pas remarqué mais c'était très peu probable. Elle avait sûrement remarqué mes arrêts respiratoires volontaires et mes crispations à chacun de ses approches.

Dommage.
Dommage qu'elle sache que j'étais un vampire. (Comment je le sais? Ses pensées). J'aurais voulu être comme les autres pour une fois, normale. Même si la normalité avait une tout autre forme, j'en avais tellement envie. Devoir me coucher tous les soirs parce que la fatigue me gagnait, manger trois fois par jour, voir plus parce que mon ventre gargouillait. Je voulais avoir des limites physique et ne pas pouvoir courir toute une journée si je le voulais. C'était une bonne vie. En aucunement je ne voulais revenir à ma vie humaine, c'était juste un constat...
Elle approuva avec un petit « Ah d'accord. » et il y eut un silence. Pas pesant, plutôt agréable. Personne ne sentait l'obligation de parler, et c'était plutôt bien comme ça. Déjà que je devais me concentrer pour démêler ses pensées et celles des alcolos gens autour de moi. J'entendais qu'elle ne trouvait pas ce silence très lourd non plus, et plutôt agréable.
Puis la serveuse ramena les boissons commandées et les posa sur la table avec un bruit cristallin. Je m'emparai de mon verre et le porta à mes lèvres mais juste avant d'avoir pu boire quoi que ce soit, Crystal leva le bras et fit :

« A notre rencontre. »

Je ne savais pas si je voulais être amie avec elle et c'est là que je commença mon analyse rapide. Elle paraissait si superficielle et méchante, c'est fou comme je devrais à la haïr. Mais on ne peut juger les gens sur leur aspect physique et leur vêtement. Mais je le faisais. Jamais je ne risquerai d'être amie avec une sorte de mini-pétasse snob, et ça se voyait par leur vêtement.
Eh bien c'était pareil pour Crystal. Son visage, ses mimiques, son maquillage, ses vêtements, sa manière : tout me faisait penser à une fille que je ne devrais pas côtoyer. Mes instincts me dictaient de me casser vite d'ici et de la fuir jusqu'à qu'elle retourne poussière.
Pourtant je restais là, assise devant elle et m'apprêtant à trinquer avec elle. Mon côté animalier me poussait t-il à la connaitre pour ensuite m'attaquer à elle quand nous serions seules? Car ce n'était pas parce que je n'avais pas arrêter de respirer que je ne voulais plus lui sauter au cou et la mordre pour gouter au nectar précieux. J'y déroberai chaque goutte de sang de son corps.
Je finis par lever mon verre après une attente plutôt mal à l'aise et trinqua avec elle :

« A notre rencontre. », répétais-je.

Après la révélation que la jeune femme en face de Crystal avait faite, que l'alcool ne lui faisait absolument rien, la jeune femme y réfléchis longuement. Cela voulait dire qu'elle ne pouvait jamais être bourrée ? Ou même un peu pompette...? Cela devait être bien... Elle pouvait boire des litres d'alcool sans rien ressentir alors ? La jeune femme, après deux ou trois verres commençaient à perdre la conscience des choses et dire ou agir comme si rien n'était important.
Après avoir vu que leurs verres étaient posés sur la table, elle le saisit et leva son verre vers Chuck, en souriant de toute ses dents, en prétextant de trinquer à leur rencontre. Après une attente qui la mit légèrement mal à l'aise, elle leva elle aussi son verre vers celui de Crystal, toujours sans sourire, ça ne devait pas être une habitude chez elle. Mais les traits détendus de son visage semblaient parfaits même sans un sourire à l'égard de la jeune femme brune. Leurs verres tintèrent puis sans attendre, Crystal mit son verre à sa ses lèvres en buvant à grandes gorgées. Elle regarda son verre déjà vide, en faisant tinter les glaçons dans le verre. Elle commanda un autre verre, de la même boisson.
Chuck allait peut être la trouver bizarre, de boire si vite, commander un autre verre sans même attendre qu'elle même l'avait fini, la trouverais peut être impolie, mais tant pis, il était trop tard pour y penser à présent.

« Dis, on m'a dit que les vampires avaient un don. C'est quoi le tien... ? »

Elle attendit quelque secondes avant de préciser que la jeune vampire n'étais pas obligée à répondre à cette question assez indiscrète.

Un doux bruit cristallin s’éleva dans l’air et je lui souris. Je remarquai après que c’était plutôt un sourire carnassier, comme si mon côté vampirique prenait le dessus et était content de son plan.
Quel plan ? Celui de la connaitre ? D’appâter sa confiance et de la tuer juste après ? J’en doutais fort. Jamais je n’avais eu telle réaction avec un humain (à part durant la période avec Zac.) et je ne comptais pas me comporter ainsi. La nouvelle Australie était pour moi comme un nouveau départ, et même si quelque fois j’avais envie de m’enfuir loin pour retrouver mon amour de toujours, je restais ici. J’étais bien. Je pouvais plus ou moins me contrôler car je savais qu’il y avait des règles à suivre. Alors que si vous jetiez un vampire « en pleine nature », il ferait un carnage. Rien ne pourrait l’arrêter à part sa volonté, et croyez-moi, la soif peut parfois être si puissante, tenace et incroyablement grande que l’envie de ne pas tuer et de ressembler à un monstre disparaissait.
Crystal bu son verre d’une traite. Intérieurement, j’éclatai de rire. Je me rappelais des cuites –peu nombreuses, je dois l’avouer- que j’avais eu étant humaine. Mon cerveau qui se liquéfiait pour ne devenir qu’une chose molle inutile. Les gestes que l’alcool avait contrôlés, les conneries que j’avais faite. J’en gardai un agréable souvenir malgré les gueules de bois insupportables qui s’en suivaient.
Je portai mon verre à la bouche, buvant lentement pour prendre le temps de me délecter de l’alcool. Je regrettais de ne plus avoir la même envie envers la nourriture humaine, le sang était la seule chose qui occupait l’esprit de tous vampires. Même si l’alcool calmait la soif, ça ne rassasiait jamais assez. Pendant que j’avalais doucement mon verre, Crystal me posa une question.

« Dis, on m'a dit que les vampires avaient un don. C'est quoi le tien... ? »

Mon don... ? Merde. Démasquée.
Je ne pouvais plus faire semblant d’être une petite humaine fragile et innocente. Tant pis...
Je posais mon verre et souris.

« Je peux lire dans les pensées. » fis-je en essayant d’être calme.

J’étais à peu près sûre qu’elle paniquerait un tant sois peu. Quelqu’un peut lire dans vos pensées et il vient de vous le dire. Cela fait plus d’une heure que vous vous parlez et tout ce que vous avez pensé, il l’a su. Flippant, d’un côté, non ?

Une fois mon don communiqué, je me concentrai sur ses pensées.
J’éclatais de rire, intérieurement mais souris d’un air amusé seulement extérieurement. Apparemment Crystal était un peu confuse. Je souris encore plus mais dès qu’elle pensa des compliments, je baissais la tête sur mon verre encore plein et effaça mon sourire.
Je n’aimais pas les compliments, ni les cadeaux et encore moins les fêtes surprises. C’était si... Gênant d’un côté et énervant de l’autre. Mais je ne pouvais refuser aucune des trois choses.

« Ah merde! Enfin, je veux dire, désolée si j'ai pu penser des choses qui t’auraient gênée... Enfin, tu dois être habituée... », me dit t-elle en me sortant de mes pensées.

« Non, non, ce n’est rien. » souris-je en mentant un peu.

Je baissai de nouveau la tête et me perdit dans le fond de mon verre. Automatiquement, je commençai à jouer avec les glaçons qui flottaient docilement avec mon index.
Comme par hasard, la question que je me posais depuis une heure me trotta de nouveau dans la tête. Pourquoi avais-je acceptais ce verre avec elle ? Je ne la connaissais pas, et je commençais à avoir sérieusement peur. Peur de moi. De ce que je pourrai lui faire en fonction de mon instinct...
Je me « réveillais » et bu mon verre d’une traite. Je sentis le liquide froid couler le long de ma gorge, et demanda directement à une serveuse qui passait non loin de moi un autre verre. Je lui fis un sourire et la jeune femme partit. Tournant la tête vers Crystal, je lui souris aussi même si j’avais perdu un peu de mon moral en quelques secondes.
Et puis voilà que mon subconscient sadique revenait à la charger et me mettait en pleine la belle image de Zac. Bon, il fallait seulement que j’oublie ça deux ou trois heures et je pourrais passer ma nuit badante habituelle. Je pris un autre sourire, un peu plus forcé cette fois mais il ferait l’affaire.

« Tu n’as pas peur de tout ça ? » fis-je sans réfléchir en montrant les gens autour de nous. « Des vampires. Des loups... »

Mes pensées étaient maintenant complètement devinées. Elles étaient livrées à cette fille comme tous les mots et les paroles que je prononçais depuis notre rencontre. Je me concentrais alors sur mes pensées, mais penser à rien était simplement impossible, je devais simplement m'efforcer de ne pas penser des choses trop gênante pour Chuck.

« Non, non, ce n’est rien. » souris Chuck.


Malgré le sourire qui trônait sur ses lèvres, le ton de la jeune fille aux cheveux flashys n'avait pas l'air complètement sincère. En fait, sincère n'était pas vraiment le mot. J'aurais plutôt dit qu'entendre toutes les pensées des gens, dont les plus gênantes ou négatives, était plus qu'agaçant. J'imaginais la pauvre fille dans un endroit bondé de monde. Les pensées devaient prendre une ampleur énorme. L'horreur, rien de mieux pour filer une sacrée migraine à n'importe qui.
Je finis rapidement mon verre, en faisant glisser un reste de glaçon sous ma langue, le faisant fondre en quelques secondes. Je fis tinter ce qui restait de glaçons dans mon verre vide, et la tentation d'en commander un autre était à présent irrésistible. J'avais un vrai faible pour toutes les boissons alcoolisées, en tout genre. La serveuse me guettait du coin de l'oeil. Plutôt mignonne, la serveuse. Elle avait des cheveux blonds clair, remontés en une queue de cheval assez haute, laissant s'échapper des mèches rebelles. Elle avait un visage souriant, et réconfortant. Elle portait la même tenue que toutes les serveuses : Une petite robe noire, et un badge ou était inscrit son prénom : Molly. La robe cintrée mettait en valeur les formes généreuses de la jeune femme. Je commandai alors à cette dernière un troisième (déjà?!) gin tonic, en lui demandant d'être plutôt généreuse sur le gin.

« Tu n’as pas peur de tout ça ? » fis-je sans réfléchir en montrant les gens autour de nous. « Des vampires. Des loups... » me demanda Chuck.

Je répondis premièrement par un petit haussement d'épaule, puis réfléchis sur la question. Bien sur, la première fois, j'avais eu peur, et j'avais envie de rentrer chez moi mais au fil du temps, je passais du bon temps dans ce village...

« Ca va mieux. » commençais-je « Avant j'avais peur, les premiers jours. Je m'y suis très vite habituée. »

Molly (la serveuse blonde) m'apporta mon troisième gin tonic, un très grand verre, deux fois plus grand que les deux autres. Elle avait du comprendre que j'en était vraiment folle et que je n'allais pas m'arrêter là. Je lui fis un sourire et but ma boisson à grande gorgées. Je commençais sûrement à être un tout petit peu pompette, je me demandais comment j'allais finir à la fin. Je rigolai.

« Tu dois me trouver bizarre à boire autant comme ça. »

Mon verre arriva quelques secondes après celui de Crystal. Apparemment, « ma » serveuse avait prit un peu plus son temps. Mais ça ne me gênait pas plus que ça. Je n’étais pas avide de boisson alcoolisés (ni gazeuses, ni plates, ni rien). Seul le sang me donnait une envie irrésistible de sauter partout et me rendait impatiente à tel point que je bougeais un peu dans tous les sens.
La jeune femme qui avait déposé le verre m’avait gentiment sourit. De petits cernes se voyaient malgré la couche d’anticernes, et ses traits étaient tirés. Cette jeune femme était humaine, sans aucun doute. Sa petite robe noire avait une tache rouge sur le col, du rouge-à-lèvre peut-être ? Ou de la sauce à la tomate... Quoi qu’il en soit, elle ne m’avait pas passée inaperçu. Ces cheveux bruns bouclés ne tenaient presque pas dans sa pince rouge éclatant. Elle s’efforçait de paraitre en forme, mais elle était tellement exténuée que ses efforts étaient vain. Je lisais dans ses yeux une lassitude énorme. Comme si ce bar la rendait morose et que ces verres vides se servaient d’elle pour se faire remplir de l’élixir qui enivre tant les gens.
Une fois partit, je l’entendis souffler, comme soulagée. Puis, après avoir « scanné » ses pensées, je compris qu’elle allait enfin prendre sa pause. Bizarrement, j’enviais un peu cette vie. Être fatiguée, devoir bosser dur, devoir manger plus souvent... Etant vampire, j’avais moins de limite, comme si la Vie m’était plus facile. C’était un peu inégale envers ces pauvres humains, mais nous étions quand même les plus forts. Nous, suceur de sang. Nos crocs féroces et solides en faisaient crier plus d’un. Notre peau blanchâtre et parfaite en faisait succomber plus d’un. Notre vitesse accablante en faisait défaillir plus d’un. Nous étions les êtres forts de ce monde. Et encore, vu notre existence, le Diable existait peut-être ? Qui sait ? Dans tous les cas, on pouvait s’attendre à tout. Absolument tout.
Puis, Crystal me sortit de mes pensées profondes, « Ca va mieux. » commença t’elle « Avant j'avais peur, les premiers jours. Je m'y suis très vite habituée. ». J’acquiesçai. Comprenant ce qu’elle voulait dire. La peur est un sentiment normal, la peur du nouveau ou de la douleur. Les humains sont vraiment souvent atteints par ce sentiment particulièrement désagréable à mes souvenirs. Je n’avais pas eu réellement peur depuis le fameux jour à Zac m’avait mordu. J’avais eu peur, mal en même temps, mais quand mes yeux l’avaient croisé, je m’étais adouci, hypnotisée par ses yeux doux et la douleur s’en est allée. J’avais ressentis à désir. Un désir énorme.

« Tu dois me trouver bizarre à boire autant comme ça. ». Je levai la tête vers elle et planta mes yeux dans les siens. Non, ce n’était pas bizarre, seulement stupide de se bourrer la gueule. Mais d’un côté, mais côté sanguinaire était content. Je pourrais la coincer dans un coin de la forêt, et sans mal la vider de son sang. Elle ne se débâterait, trop saoul pour riposter à mes attaques. D’ailleurs, son sang commençait à prendre une odeur sucrée et alcoolisée.
Je souris, voulant la réconforter. « Non, non. Je te comprends. J'ai aussi été comme toi. ». Réponse merdique, merci cerveau en compote ! C’était sûrement la seule chose que j’avais trouvé pour lui mentir et la manipuler. Oh, et je savais que j’allais boire son sang délicieux !
Mais... Qu’est ce qui m’arrivait ? Je... Je ne... Non ! « NON ! » ... Oh mon dieu. Je crois que je deviens dingue. La folie doit s’infiltrer dans toutes les parties de mon corps. Si bien que mon cri avait résonné dans le bar. Heureusement que le brouhaha insoutenable avait continué son cours et que ça n’avait attiré que quelques personnes. Mes yeux étaient toujours plantés dans ceux de Crystal. « Hmm... Non, ne bois pas trop vite. Le froid glace le cerveau. ». Excuse doublement bidon. Je m’adore. Moi et mes excuses à la noix.
Je lui souris et bu vite deux ou trois grosse gorgés de Whisky. Sentant l’alcool couler le long de ma gorge, je fermais les yeux. Les boissons alcoolisées étaient les seuls à nous ôter un peu de notre soif sanguinaire. Mais je ne voulais pas tomber de ce trou infernale qu’est de vider des bouteilles et des bouteilles en quelques minutes pour faire disparaitre la soif. De plus, il faudrait des litres et des litres pour nous assouvir, et ça nous rendrait saoul donc dangereux. Encore plus que si nous étions affamés.
Et puis à quoi bon ? Une bonne petite biche avait meilleur goût. Même si les humains me donnaient toujours autant envie, les massacres que j’avais commis me pousser loin d’eux leur chair si exquise. Je ne voulais plus recommencer. C’était si horrible de tuer des gens sans raison alors qu’il y avait une solution : les animaux. Bon, ce n’était pas aussi bon, mais ça rassasié assez. Et l’ont pouvait vivre avec cette faim permanente car honnêtement, les petits bêtes tels que les biches, écureuil et kangourou n’effaçaient pas la faim si facilement. Plusieurs fois je m’étais nourris jusqu’à être remplis. Cette sensation était désagréable. Comme si quelque chose en vous devait sortir mais était coincée dans vos veines pendant un laps de temps. J’avais eu cette sensation trois ou quatre fois, et je n’avais jamais gardé un bon souvenir.
Relevant la tête de mon verre, je vérifiais si je n’avais pas effrayé Crystal. Son visage était fermé, impassible. Comme si c’était normal de crier « non » au milieu d’un bar et sans raison.
Oui, la folie s’incrustait partout. Ma tête en était remplie. Et je savais pertinemment ce qui me rendait ainsi : la faim. Le manque de sang humain, comme si j’avais ABSOLUMENT besoin de ce nectar. Comme si j’avais besoin de boire celui de Crystal. Mon côté prédateur n’avait jamais arrêté de réfléchir à ma place, mais depuis que j’avais quitté Zac (Oh mon doux Zac...), j’avais réussis à le faire taire et le mettre en mode silencieux pour que n’entendre que quelques idées par-ci par-là toutes aussi sanguinaires les unes que les autres.
« Tu dois me prendre pour une dingue. » rigolais-je sans réfléchir. Pourquoi avais-je parlé au juste ? Maintenant je parlais seule et mon cerveau ne pouvait pas retenir ma bouche ainsi que ma langue intenable.